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Aujourd’hui, je vous présente Brindusa Burrows, une artiste inspirante avec qui j’ai eu le plaisir d’échanger à plusieurs reprises, d’abord lors de la journée de soutien d’EAF, puis dans le cadre accueillant du Café Littéraire de Vevey, un lieu parfait pour se laisser porter par des conversations enrichissantes. Rencontre.


Elle m’a raconté son parcours unique, marqué par une quête constante de lien entre l’humain et le non-humain, une réflexion sur notre rapport à l’autre et à l’environnement. Originaire de Roumanie, elle a grandi dans un régime communiste où être artiste n’était pas un avantage. Malgré cela, elle a toujours peint, trouvant dans l’art un moyen d’évasion et d’expression. Sa mère, qui travaillait dans un studio d’animation, a influencé son intérêt pour l’image. C’est grâce à elle qu’elle pris sa caméra pour explorer le monde, dit-elle.


Partie à Genève pour étudier les relations internationales, elle a dû faire une pause avec les arts. Après un premier mariage, marquée par son envie de voyager seule, elle décide de suivre son instinct créatif. Lors d’un voyage au World Economic Forum, elle rencontre Peter Turnley, un photographe américain renommé, et l’accompagne à Istanbul pour un atelier en groupe. Ensuite, elle croise Ernesto Bazan, un autre photographe influent, dont elle suivra les ateliers en Sicile. Fascinée par cette terre et ses traditions, notamment les processions de Pâques, elle immortalise ces moments dans ce qu’elle appelle « la poésie des images ». Pendant près de sept ans, elle voyage, capture des instants, et rêve de transformer ses photographies en un livre.


Mais son art ne se limite pas à la photographie. Son médium principal reste le dessin, qu’elle utilise pour explorer son rapport au monde. C’est un défi, me dit-elle, car ce rapport est intérieur et non extérieur. Dans ses œuvres, elle cherche à capturer l’essence de son environnement et de ce qui nous fait vivre, une réflexion qu’elle partage également avec ses étudiants. Elle enseigne dans son atelier à des enfants et adultes, mais aussi à l’Institut des Hautes Études Internationales et du Développement à Genève, où elle aborde des thèmes qui mêlent la durabilité et la pratique artistique. La durabilité, en tant qu’artiste, ça la touche particulièrement, me confie-t-elle. Elle a également eu carte blanche pour aborder ces thématiques si proches de son univers auprès de deux cents étudiants. Formée à distance avec la Open College of the Arts en Angleterre, elle a réalisé un projet autour de son rôle dans l’univers, une question existentielle qui traverse toute sa pratique.


Installée depuis plusieurs années à Val d’Illiez, entre ville et montagne, elle s’inspire de la nature qui l’entoure. Sa rencontre avec un hêtre de plus de deux cents ans, abattu près du chemin de fer à côté de chez elle, a marqué le début de ses expérimentations en sculpture. Elle a sublimé ce bois ancien pour créer des œuvres liées aux contes de la vallée, le transformant en gardien symbolique des lieux. Au fil de son parcours, elle a su conjuguer son rôle de mère - elle a une fille, sa passion pour la création, et une vie artistique riche. Sa petite galerie, où elle organise des expositions et des portes ouvertes, reflète son désir de partager son art et ses réflexions avec le public. Elle veut transmettre quelque chose de sacré et de profond à travers ses œuvres, me dit-elle, qu’il s’agisse de peinture, de dessin ou de sculpture.
 

Brindusa continue de faire dialoguer ses créations avec ses expériences, entre voyages et enracinement, nous invitant à repenser notre place dans l’univers et notre connexion avec le vivant mais aussi avec ce qui est invisible. Brindusa sublime le monde en le réinterprétant, avec une sensibilité et une profondeur qui touchent à l’essentiel.

Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

Publié le 2 février

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