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Aujourd’hui, je vous présente l’artiste Catherine Chantilly, dont le parcours est à la fois un voyage intérieur et une traversée du monde. Notre conversation téléphonique a révélé une femme profondément engagée, à la recherche constante de sens et d’universalité dans son art. Rencontre.

 

Formée aux Beaux-Arts de Bourges et titulaire d’un DEA (Diplôme d’études approfondies) en littérature et civilisation à Nice, Catherine est une artiste profondément en quête de sens. Elle cogite beaucoup, elle se remet en question, mais les réponses surgissent toujours, me confie-t-elle. Ses premières bases ont été posées aux Beaux-Arts, mais c’est avec la pratique que son art a pris toute son ampleur, nourri par ses expériences

personnelles et son regard sur le monde. Actuellement installée au Pays basque, après avoir vécu dix ans au Brésil, Catherine se consacre à une peinture qu’elle qualifie de libératrice. Elle peint pour le monde, dit-elle avec conviction. Dans son œuvre, c’est la femme qui parle – avec son corps, certes, mais aussi avec son esprit, tout aussi puissant. Elle cherche à exprimer une universalité, à toucher l’âme et l’esprit dans une harmonie mi-masculine, mi-féminine, où la couleur est reine.

 

Ses créations évoquent un retour à l’innocence et à un ordre universel, où symétrie et aplats remplacent la profondeur. C’est comme l’univers, ordonné mais plein de surprises, souligne-t-elle. Très croyante, Catherine explore des thèmes spirituels tels que l’élévation de l’âme, la nature, les anges, et surtout l’arbre de vie. Le jour se lève avec ou sans nous; peindre, c’est être en état de réception, ajoute-t-elle. Sa peinture, lumineuse et joyeuse, libère des espaces coincés et célèbre la force de la vie, cette passion mystique et surnaturelle qui nous porte. Son style se nourrit également de son travail sur le papier, où le geste devient une écriture libérée. Fascinée par les enluminures et influencée par les Riches Heures du Duc de Berry (1412-1416), Catherine a choisi son nom d’artiste en hommage à la ville de Chantilly où elle a vécu, un clin d’œil à ses inspirations médiévales. Elle explore une méditation à travers la peinture, réalisant une œuvre par mois, au plus près de l’essence même, même si c’est évanescent, me dit-elle.Catherine peint souvent sur de grands formats et réalise également des autoportraits. Elle est influencée par Hilma af Klint (1862-1944), notamment sa vision spirituelle et l’élévation de l’âme qu’elle partage dans son œuvre Couleur capucine. À travers ses créations, Catherine donne la parole aux femmes et honore leur force. Les femmes portent le monde, c’est important de leur rendre hommage, affirme-t-elle.

 

Sa vie au Brésil a été marquée par des combats personnels : l’exil, la perte d’identité, mais aussi la renaissance. C’est la peinture qui l’a sauvée, confie-t-elle. La nature florissante du Brésil a été pour elle un baume et une source d’inspiration infinie. L’amour et l’art nous sauvent, me dit-elle, en évoquant cette période où elle a dû se reconstruire. Catherine célèbre une victoire personnelle : elle prend enfin sa part du gâteau, car il y en a pour tout le monde, me dit-elle. Dans ses œuvres comme dans sa vie, elle cherche l’absolu, le radical, avec une énergie tournée vers l’avenir. La vie est une œuvre d’art, même si parfois elle est très dure, ajoute-t-elle. Une leçon de résilience et d’authenticité qui résonne comme un appel à l’enchantement du monde.

 

Ainsi, elle incarne une quête perpétuelle d’absolu, une exploration passionnée de la vie, de l’âme et de l’universalité. Sa peinture, profondément empreinte de lumière et de couleur, est à la fois un acte de rébellion et d’amour, une invitation à la contemplation et à la libération intérieure. Elle transcende les frontières, les cultures et les genres pour créer un art qui parle directement à l’essence humaine, une poésie visuelle où chaque geste, chaque nuance raconte une histoire. C’est dans cet équilibre fragile entre la matière et l’esprit qu’elle trouve sa voix, et qu’elle nous donne à voir un monde réenchanté, où l’amour et la création deviennent des forces essentielles.

 

 

Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

Publié le 2 février 2025

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