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Lumière sur une artiste

Marie Bagi vous présente,

 DESSA 

"Peintresse"

Aujourd’hui je vous présente l’artiste peintre et auteure Deborah Petroz-Abeles dite DESSA – qu’elle utilise également comme signature pour ses œuvres. Cette merveilleuse rencontre a d’abord eu lieu autour d’un café où nous abordons diverses thématiques et où nous découvrons un but commun : le processus comme moyen éducatif de l’art. Elle me fait ensuite découvrir son gigantesque atelier à la Conversion, Vaud. Un espace regorgeant de ses œuvres rangées de manière ingénieuse et dont elle me raconte l’histoire : son histoire. 

            

DESSA, de parents juifs polonais et hongrois, est née à Bulawayo, en Rhodésie du Sud, l’actuelle Zimbabwe. Elle grandit dans une société caractérisée par les divisions de toutes sortes mais principalement raciale. Cette dernière sera l’une des impulsions majeures visibles dans son art. Elle interroge toutes les disciplines qui caractérisent sa vie dont la médecine pour pouvoir explorer sa propre identité et ainsi se reconstruire. Ce concept de l’identité devient récurrent et essentiel afin de se comprendre soi-même. Je sens que DESSA a énormément à transmettre de par son art mais aussi de par ses mots qui résonnent en moi comme si je vivais son histoire.

             

Après le gymnase, entre 1965 et 1976, elle s’installe en Israël où elle étudie l’ergothérapie (en hébreu). Depuis cette date et jusqu’en 1981, elle vit à Paris puis, à partir de cette année-là, elle part pour la Suisse avec ses deux enfants. En 1983 – date de l’obtention de sa citoyenneté suisse – elle s’installe à Pully avec son mari, Hervé Petroz. Depuis 1986 elle expose en Suisse et sa première exposition a eu lieu à Berlin, à la Galerie Bremer, en 1994. Elle a réalisé une quarantaine d’expositions dans divers lieux d’art. Depuis 2005, elle partage sa vie artistique entre Berlin et Pully où elle possède studios et appartements. 

            

DESSA vient à l’écriture par sa peinture. Grace à une rencontre à Chicago elle crée une grande exposition basée sur une œuvre de Viktor Ullmann, composé dans un camp de concentration. Cette musique par la suite crée un lien avec la perte de ses grands-parents maternels, disparus durant la Shoah. Elle rédige un livre en six mois qu’elle dédie à ces derniers, sur Ullmann et la Shoah et au calvaire vécu dans ce camp. C’est le début d’une série de livres qui verra le jour progressivement. Par sa passion pour la peinture, DESSA fait se succéder ou s’entremêler l’abstrait, le portrait ou encore le collage. Des installations et des performances viennent compléter ce tableau artistique qu’elle coréalise avec des musiciens. Elle me montre alors le résultat et m’explique que la musique donne une certaine impulsion créatrice à ses pinceaux matérialisée sur papier qu’elle appelle: « Transoundart ». Une sorte de mise en page des émotions au travers de deux médiums tels que la peinture et la musique. Une combinaison intéressante qui donne envie d’en être spectatrice. Pourquoi pas en réaliser une à l’Espace Artistes Femmes ? Cela serait un honneur. DESSA est également emprunte à la forme éducative de l’art, comme mentionné plus haut, et c’est aussi l’un des aspects qui fait vivre l’Espace Artistes Femmes. Une de ses collaborations éducative intitulée « L’art : écho de l’indicible » tend vers cette idée d’éduquer au travers de l’art. Sa volonté principale est de pouvoir rassembler, mettre ensemble. Elle souhaite que les frontières soient dépassées et que l’art soit cet élément qui nous relie. Sa plus grande caractéristique est de se dévouer à un thème en particulier et d’en changer. L’expérience de vie et les découvertes de toutes sortes sont le moteur de sa création. Cela vient sans doute de tous ce qu’elle a vécu. Lorsqu’elle parle, j’ai l’impression qu’elle a vécu plus d’une vie. Le courage dont elle a fait preuve dans certaines situations me font penser que la vie et son art l’ont rendue forte et ce, de jour en jour. Le procédé de l’exploration est l’un des concepts primaires de sa création, cela est sans doute dû à son parcours de vie, me dit-elle. Je sens bien que l’énergie et la passion qu’elle met dans son art sont les sources qui lui permettent d’avancer. Des coups durs dans sa vie personnelle d’ordres divers l’ont poussé à se recentrer sur l’art salvateur. L’authenticité que nous pouvons retrouver dans son œuvre est mise en lumière par les événements vécus, par la profondeur de ce qu’elle souhaite exprimer. Une détermination dans son engagement dans l’art. Certaines de ses œuvres abstraites se caractérisent par des titres en « émotions » en italien qui rappelle la musique. L’impression que Dessa fut portée par la musique toute sa vie durant plane dans l’air de cette rencontre. Je me réjouis de pouvoir exposer son travail à travers lequel il sera possible de comprendre le cheminement d’une vie qui en reflète plusieurs et dont la profondeur est caractérisée par les émotions dont elle seule possède le pouvoir de transmettre. 

            

Une rencontre criblée d’émotions qui me conforte dans la pensée que les divers concepts philosophiques de l’art peuvent être accessibles au public. DESSA possède une âme artistique vivante qui nous fait vivre l’art de manière intense. Un parcours de vie entremêlé au concept d’identité est la clé de la réceptivité de son œuvre. 

 

 

Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

 

 

Publié le 23 septembre 2020

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