Marie Bagi vous présente,
Espace Artistes Femmes : Rose-Marie Berger ®
est une association et un espace artistique - itinérant et permanent - d’un nouveau genre qui veut mettre à l’honneur les femmes dans le monde de l'art. En raison de notre emplacement permanent et de notre focus sur les artistes femmes, nous sommes la seule association de ce type au monde, concept novateur, qui contribue à la visibilité des artistes femmes au niveau national et international grâce à à des conférences, des ateliers et des visites guidées réalisés au moyen de leurs oeuvres et dans lesquelles le concept de "l'intime" - c’est-à-dire, le lien existant entre leur vie et leurs œuvres et la manière dont la société peut les impacter - est central.
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Il est dédié à Rose-Marie Berger (1922-2019)- plus connue pour avoir été l'épouse du grand historien de l'art, philosophe et ancien directeur-conservateur du Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, René Berger (1915-2009). Elle était une artiste de talent, comme beaucoup d'artistes femmes avant elle et aujourd'hui, dont le travail n'est, jusqu'alors, pas mis en lumière dans les musées ou encore dans les galeries.
"On ne devient pas artiste: on naît artiste." © Marie Bagi, présidente et fondatrice
*** Lumière sur une artiste ***
Artiste plasticienne
Aujourd’hui je vous présente l’artiste pluridisciplinaire Francesca Moglia que j’ai eu le plaisir de rencontrer à l’EAF en novembre dernier. Elle a connu l’EAF sur Instagram et via Kidist Hailu Degaffe, l’une de nos artistes. Elle possède un parcours riche entre les professions liées à l’art mais aussi les pays où elle a vécu qui ont joué un rôle prépondérant dans l’évolution de son travail artistique. Rencontre.
Francesca est née au Nord de l’Italie, près de Milan et vit actuellement à Etoy. Sa mère était professeure de langues anciennes et son père, architecte. Depuis son enfance, la danse et les arts plastiques ont été ses passions, constituant le centre de sa vie et son refuge, me dit-elle. Pour elle, vivre sans l’art serait impossible car il a été le moteur de toutes ces années d’existence.
Pour faire des études liées au domaine artistique, elle a dû lutter contre la volonté de ses parents, qui considéraient sa démarche comme une perte de temps en raison de ses aptitudes en mathématiques. Elle s’inscrit tout de même au Liceo Artistico (gymnase, voie art), où elle peut étudier le dessin, la sculpture, l’architecture, la décoration, le modèle vivant et donc l’anatomie. C’est à ce moment-là qu’elle commence sa première série de sculptures en terre cuite inspirée d’Alberto Giacometti (1901-1966), intitulée « Les femmes ». Cette série l’accompagne tout au long de sa vie. La femme devient alors l’une de ses sources d’inspiration.
Après avoir obtenu son diplôme, elle remporte un concours et intègre l'École pour la valorisation des Beaux-Arts, devenant restauratrice des Beaux-Arts avec une spécialisation en œuvres d’art contemporain et techniques artistiques. Après le décès de plusieurs collègues en raison des produits dangereux utilisés dans la restauration des œuvres, elle décide d’arrêter son métier qu’elle adore tant et de se consacrer à son rôle de mère – son fils naît à Antibes en 2006 après qu’ils aient vécu, elle et son mari, respectivement en Californie, près de San Francisco, et à Paris. Durant ses années de restauratrice, Francesca m’avoue qu’elle dut créer sous un pseudonyme car le monde de la restauration artistique est bien particulier et que nous ne pouvions être artiste et restauratrice en Italie. Cela a duré treize ans. Il y a encore de progrès à faire pour la considération de la vocation artistique qui est un métier.
En 2008, la petite famille déménage en Suisse. Après quelques années d’arrêt de la peinture car déboussolée de vivre à la campagne, elle reprend le travail à temps partiel et se tourne vers la création artistique. Elle donne également des cours de dessin, peinture et créativité pour enfants et adultes. C’est l’occasion aussi pour elle, de réaliser plusieurs séries de peintures utilisant différentes techniques et matériaux, mêlant l’acrylique à l’expérimentation de divers éléments. Choisissant de ne travailler qu’avec des produits sans solvants, elle refuse de rester enfermée dans un seul style, explorant divers sujets et techniques. Cela lui vient sans doute des techniques qu’elle a utilisées durant ses années de restauration, me dit-elle en riant.
Elle me dit alors que chaque série artistique naît d’un déclic, lié à un événement positif ou négatif de sa vie, un voyage, un artiste, une sensation, une réalité ou une rencontre. Chaque série débute par des croquis et des essais, suivis de périodes de réflexion avant de concrétiser ses idées sur des toiles, des cartons ou encore du papier épais. Par exemple, elle me parle de sa dernière série intitulée « Les femmes bleues », terminée en 2021, où elle explore des thèmes tels que la fragilité, la solitude et l’isolement. Elle crée ainsi un lien tangible avec ses sculptures, les considérant comme des messagers d’émotions et de rêves. Elle continue en disant qu’elle voit toujours le côté positif dans tout, considérant la liberté, la passion, la recherche, la créativité et les couleurs comme les moteurs essentiels de son épanouissement artistique.
Dans son travail, nous pouvons le ressentir. Ses femmes, aux silhouettes souvent allongées, semblent communiquer un message de liberté se saisissant de l’espace pour accentuer un besoin d’émancipation. A son image, elles véhiculent l’importance de cette place tant méritée et parfois, non revendiquée.
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Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie
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Publié le 5 mars 2024
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