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*** Lumière sur une artiste ***

Marie Bagi vous présente,

 Lola Mathé 

Peintresse et collagiste

lenvol_collage mix medias_papier-encre-acrylique-feuilledor_50x70cm
amours_peinture-cafe_21x30cm

            Aujourd’hui je vous présente la peintresse et collagiste Lola Mathé que j’ai eu le plaisir de rencontrer au travers des réseaux sociaux mais aussi du Cercle de l’Art créé par Margaux Derhy, artiste. Lors de cette rencontre, Lola me parle de ce qui l’inspire, de son être artiste et de son rapport à l’art qui a évolué et qui donne naissance, chaque jour, à quelque chose de nouveau retraçant son parcours de vie. Rencontre.

Lola a du mal à dater le moment précis du début de sa création mais elle sait que cela remonte à l’enfance car elle a toujours été manuelle. Enfant calme et discrète, elle parlait peu mais dessinait beaucoup. C'était une obsession, me confie-t-elle. Elle ajoute qu’elle accumulait beaucoup de papiers destinés à être jetés, jouait avec les couleurs et réalisait des illustrations. Cela la transformait. Chaque année, elle disait à ses parents qu’elle voulait réaliser une activité manuelle : prendre des cours de mosaïque, de patine, de dessin… Lola voulait toucher à tout, être en contact avec la matière et la couleur. Lola possède un parcours classique avec un baccalauréat littéraire et a fait l’École des Arts Appliqués de Paris en stylisme et design textile. Elle a adoré ces années de formation, me dit-elle, avec extase. A la fin de ses études, elle part plusieurs mois à Montréal pour faire un stage chez une designer d’intérieur. A son retour à Paris, elle se lance en freelance et travaille 4 ans au sein de Bureaux de Tendances où elle collabore à la création des cahiers de tendances. Elle choisissait les gammes de couleurs et leur trouvait des noms, et participait à la rédaction de storytelling. Elle aimait raconter des histoires. Puis elle intègre l’entreprise Muzéo, société de création et de production artistique, où elle a trouvé une certaine stabilité. Elle y est plus qu’une designer artistique, elle y conçoit des concepts artistiques sur mesure pour l’Hospitality, le Healthcare et les résidences. En effet, elle y travaille en tant qu'artwork consultante depuis six ans.

Elle continue en me disant que c’est le confinement qui a marqué le retour à sa pratique artistique car elle a pu se libérer du temps et s’essayer à beaucoup de choses. Cette période l’a transformée. Elle a pu s’évader et réfléchir sur elle-même. Lorsque je lui demande si dans sa famille il y a des artistes, Lola me répond que sa mère peint un peu mais cela est toujours resté à l’état de loisir. Lola a toujours possédé une sensibilité et un œil artistique. Ses parents l’ont d’ailleurs toujours soutenue dans ses démarches, dans son rêve, et ont toujours été à l’écoute de sa sensibilité présente depuis son plus jeune âge.  Il y a sept ans, son papa les a quittés et depuis, elle se rattache à la création. Cela l’a amenée à questionner son regard sur le monde et à repenser sa pratique artistique, qui prend alors une dimension thérapeutique.  Elle s’est rendue compte que la création était vitale, essentielle et que cela l’aide encore aujourd’hui. Elle peut ainsi recomposer des souvenirs, ajoute-t-elle. Cela la connecte à l’impalpable du monde sensible, c’est à la fois un refuge et une sorte d’envol, dira-t-elle.

Elle entre dans le Cercle de l’Art en décembre 2022, une année, me dit-elle, riche tant sur le plan professionnel que personnel. Elle lui a ouvert de nombreuses portes et a fait de magnifiques rencontres qui lui ont permis de tisser des liens et ainsi de gagner plus en confiance et en légitimité – nous y revenons toujours. Sa première exposition a eu lieu en 2023, à Pigalle. C’était une exposition collective. Elle en a été très heureuse.

Lola possède un univers global où deux techniques viennent se greffer :  le collage et la peinture au café. Pour chacune d’elle, cela n’est évidemment pas le même processus de création ; cela dépend aussi de son état d’esprit lors de la réalisation. Dans la technique du collage, elle est dans le parfait contrôle. C’est, me dit-elle, un vocabulaire de formes et de couleurs,  elle joue avec les pleins et les vides de l’espace donné. Elle ajoute, qu’au fond de nous, cela n’est pourtant pas toujours contrôlé car il y a certaines choses qui ne s’expriment pas forcément de manière consciente, quelque chose qui nous dépasse. Elle souhaite, cependant, toujours rester dans cet aspect de construction à la recherche d’un équilibre juste et harmonieux. Elle ajoute même que c’est comme recréer un paysage imaginaire qui l’habite. Je trouve magnifique. Tout y est méticuleusement placé et la feuille d’or utilisée vient annoncer une part de fragilité, peut-être consciente… Avec la peinture au café, elle laisse aller sa main comme une balade sur le papier, me dit-elle. C’est une démarche de répétition obsessionnelle. Il y a un côté rassurant comme une bulle d’apaisement. C’est un regain d’énergie qu’elle tend à perdre avec une Paris bruyante. C’est une cadence, un état méditatif où elle ne pense plus à rien. Le café vibre sur le papier par le geste répétitif mais c’est aussi lui qui décide parfois des heureux accidents, comme elle aime à les appeler. Ainsi, elle se laisse porter par ce qu’elle ne maîtrise pas. Elle ne cherche alors plus à faire mais à laisser faire. Entre lâcher-prise et contrôle, le parcours du pinceau est comme un fleuve le long duquel elle se laisse porter, il suit un rythme, celui du cœur. C’est comme un voyage intérieur évocateur de sensations ressenties, de souvenirs et de projections qui lui permet d’échapper au bruit du monde. Elle se nourrit de la littérature, de la poésie, de la beauté des images et des mots. En soi, son œuvre artistique s’intéresse à la poétique des phénomènes, basée sur l’idée de répétition. Elle aime penser son œuvre comme une calligraphie, avec sa méthode, son rythme. Cette promenade propose une réflexion poétique sur la beauté des instantanés du quotidien, des gestes simples et sur les connexions qu'il existe entre chaque être et revisite notre rapport à l’invisible.

Lola, je le ressens, a beaucoup alors à partager, non seulement par son art mais aussi par sa personne. La manière dont elle présente ses œuvres au monde est le reflet d’un chemin ponctué d’éléments la mettant à l’épreuve mais qui, finalement, la confortent chaque jour dans son être artiste. L’avancée d’un talent est donc en marche.

 

Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

Publié le 21 février 2024

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