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*** Lumière sur une artiste ***

Marie Bagi vous présente,

 Lou-Anne Arpin Robert 

Artiste visuelle et écrivaine

                     Aujourd’hui je vous présente l’écrivaine Lou-Anne Arpin Robert que j’ai eue le plaisir de rencontrer au Café de Grancy à Lausanne où nous avons partagé un bon brunch avec son compagnon, et échangé sur l’art et tout ce que cela implique. La sensibilité et la maturité de cette jeune femme de vingt-deux ans sont déconcertantes et me poussent à comprendre l’être artiste qui l’anime déjà depuis l’enfance. Rencontre.

Lou-Anne est née à Cambrai, Hauts-de-France. Enfant, déjà, elle est portée par les arts ce qui ne sera pas toujours compris par son père. C’est seulement maintenant qu’il commence à comprendre me dit-elle, en riant. Elle sait que le métier d’artiste ne lui confère pas un statut stable mais elle veut vivre pour elle et non au travers des yeux des autres. C’est une condition essentielle de survie pour la jeune artiste. Durant son enfance et même au-delà, elle a souvent été solitaire. C’est ce qui lui a valu de pouvoir se concentrer sur son travail et de ne pas être en phase avec la technologie, continue-t-elle, en riant, et donc, pas en phase avec sa génération. Son compagnon, Christophe Formentin acquiesce en ajoutant que lorsque nous la lisons, nous avons l’impression qu’elle a cent cinquante ans, une veille âme, dit-il. Avec ses grandes lunettes qui lui tombent sur le nez et cette allure de dame – que j’adore et qui lui vient de sa passion pour le vintage, Lou-Anne reprend en disant qu’elle a toujours été inspirée par les grandes figures du cinéma mais aussi par les âmes fracassées et drôlement poétiques comme celle de Patrick Dewaere (1947-1982). Elle a d’ailleurs suivi des cours de théâtre dans le but de devenir actrice au Cours Florent à Paris. L’écriture lui vient à l’âge de douze ou treize ans où elle appose ses chagrins de jeune fille sur papier. Elle finira par les déchirer et les jeter en songeant qu’il n’y avait aucune raison de se ressasser cette période amère qui lui briserait le coeur de relire. Et peut-être de s’en souvenir ?

Christophe a trente ans de plus qu’elle mais, quand l’amour est présent, l’âge ne compte pas. Artiste peintre et illustrateur, il a réalisé les illustrations du dernier recueil de poésie de Lou-Anne, « Plume de mon cœur » - que j’avais reçu de son oncle avant de la rencontrer et qui est absolument remarquable. C’est mon livre de chevet en ce moment et dont le poème « La Chaise » m’avait bouleversée. C’est un symbole, me dit-elle, et continue en disant qu’ils se rendaient tous les deux à la messe ou simplement dans les églises pour s’inspirer du lieu, de la beauté architecturale et de l’atmosphère  soi-disant sacrée. C’est intéressant, j’aime ce type de réflexions et d’échanges mais aussi d’aller chercher l’inspiration dans des lieux insolites. Elle me dit que la poésie est devenue importante en 2020 lorsque, l’un de ses professeurs lui a imposé de travailler les alexandrins – qui est un sérieux travail d’écriture, ajoute-t-elle. Mais cela a été comme un déclic. L’écriture est un exutoire, me confie-t-elle, et la poésie, dans laquelle elle s’est plongée, lui a donné l’opportunité de jouer avec les mots qu’elle affectionne tant. En soi, c’est la langue française qui la fascine surtout ce qui est plus complexe à comprendre comme les œuvres de Minou Drouet (*1947). La beauté des mots et de la grammaire la transcendent. C’est un moyen de se donner corps et âme à cette passion. Elle me dit ne pas s’attacher à un genre en particulier lorsqu’elle lit mais elle aime les oeuvres classiques, les romans russes, les Romans  historiques, les bandes-dessinées et l’humour noir des romans biographiques de Jean Teulé (1953-2022). Elle aime également lorsque la force de la femme se ressent. Christophe confirme qu’elle vit pour cela. De Michel Houellebecq, elle aime son cynisme désespéré et ses vérités crues, qui sont, par d’autres , généralement fardées. C’est à ce moment-là qu’elle se confie sur son projet de roman qui racontera son histoire d’amour avec Christophe. Expliquant que ce sont des artistes qui se sont compris, peu importe l’âge, et toute la beauté que leur relation lui apporte au quotidien. En cela, elle imposerait son point de vue en tant que femme, jeune femme, et elle aurait raison. Je lui dis me réjouir de le lire. De plus, elle ajoute que c’est en travaillant qu’il est possible de s’améliorer et que plusieurs oeuvres l’accompagnent précieusement ces derniers temps dans cette construction comme le récit « qu’on n’oublie pas de sitôt » de Nikos Kokantzis (1927-2009), Gioconda, l’oeuvre poétique de Charles Baudelaire (1821-1867), Eugène Onéguine de Pouchkine (1799-1837) ou encore les paroles de Léo Ferré qui la suivent et l’emportent jusqu’à en pleurer.

Le lieu, l’atmosphère même le plein air ou encore les actions qui s’y passent sont des éléments importants pour son inspiration et la mettent dans un état de trans. Transportée par ce qu’elle ressent, Lou-Anne offre au monde un véritable cadeau, celui de sa vocation et de son talent qui, au gré de la lecture, vous subjuguent et continuent de vous habiter même lorsque c’est fini. Persuadée d’avoir deux anges près d’elle — elle désigne Christophe comme celui terrestre, ces deux êtres seraient le moteur continu de ce don qu’elle possède et qui, j’en suis formelle, la mènera loin vers une reconnaissance certaine. 

 

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Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

 

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Publié le 4 juillet 2023

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