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*** Lumière sur une artiste ***

Marie Bagi vous présente,

 Catherine Adatte aka Mica 

Artistes plasticienne

            Aujourd’hui je vous présente l’artiste Catherine Adatte aka Mica que j’ai eu le plaisir de rencontrer à notre exposition au Flon et avec qui j’ai échangé autour d’une boisson chaude au Vagabon Café.

Catherine commence par m’expliquer qu’elle utilise un surnom lorsqu’elle signe ses toiles, « Mica ». Un surnom que ses amies lui ont donné et qu’elle utilise afin de ne pas être confondue avec son papa, lui-même peintre et signant ses toiles « Adatte ». Une volonté, sans doute, de se démarquer et de se faire une place à elle. C’est certainement un peu grâce à lui, me dit-elle, qu’elle s’est lancée en tant qu’artiste plasticienne. Aujourd’hui elle réalise peinture, sculpture et dessin. Durant son enfance déjà, Mica était très créative. En effet, elle a toujours aimé dessiner et jouer avec la matière. Elle était tout le temps dehors avec ses parents qu’elle considérait comme un lieu de liberté. Tout était possible, me dit-elle. L’espace ainsi que la nature deviennent alors sources de son inspiration. Sa création devient alors liée à la nature. Extrêmement sensible, elle va relater tout ce qui s’est passé dans son enfance. Son père ne souhaitait pas forcément qu’elle suive cette voie artistique, par peur sans doute. C’est plutôt l’un de ses professeurs grâce auquel elle touche à tous les médiums.

D’origine jurassienne, Mica est née à Genève. Lors de son cursus, elle effectue une maturité artistique à Genève. Après cette formation, elle part deux ans aux Etats-Unis où elle prend des cours artistiques dans une école d’art à San Francisco, en Californie. C’est là qu’elle se rend compte qu’il faut qu’elle fasse des choix et qu’elle se rend compte de toute l’importance de l’art dans sa vie. L’imposition des techniques dans ses cours artistiques lui fait prendre conscience de la peur de perdre sa créativité. Mais le beau, s’était-elle dit alors, c’est qu’elle peut toujours rebondir. Elle ajoute qu’elle n’a pas fait les Beaux-Arts mais qu’elle a appris les techniques. Elle déménage à Neuchâtel et fait des remplacements dans une école secondaire en arts visuels. Elle m’avoue qu’elle a de la peine à faire autre chose que créer. Sa source d’inspiration devient une solution pour la créativité de ses élèves. Elle les pousse à la création mais aussi à se dépasser. Cela lui amène parfois quelque chose de nouveau qu’elle peut elle-même amener ensuite au monde. Comme une naissance. Dans sa peinture, Mica utilise un liant acrylique avec des pigments, de l’encre de chine, des crayons gras, du papier collé afin d’y laisser une ligne, une empreinte ou encore une trace. Dans ses dessins, la nature est toujours présente avec des empreintes de feuilles, de branches, et de silhouettes de rochers, de montagnes. La ligne, le trait effectué l’amène à quelque chose de précis qui relève d’un chemin intuitif et méditatif. La pandémie a eu raison de son art où elle s’est sentie coupée dans cet élan en 2020. Elle effectue un travail à la plume sur grand papier pour se remettre de cette période difficile. L’empreinte de la nature est sans arrêt présente, comme énoncé plus haut mais le temps qui passe et les tranches de temps le sont également. La ligne lui permet de les représenter et la peinture lui permet de transmettre l’émotion du moment. Elle me parle plus en détail de la peinture qu’elle réalise sur drap. Une recherche qui l’a amenée à étudier la matière (le drap) qui est, selon elle, l’empreinte du vivant. Ces draps ne sont pas choisis au hasard. Ce sont les draps de grands-parents avec leurs initiales. Cela représente le passage sur terre de la vie de ses personnes : l’empreinte. L’idée de la forme est importante surtout lorsqu’elle est brut car elle sort du cadre ; elle peut contrer les interdits. Il ne faut pas normer, me dit-elle, que ce soit pour le rapport mais aussi pour le support. C’est l’évolution du travail qui va l’amener vers une nouvelle aventure et c’est ce qui la porte. Pourtant, elle ne reconnaît pas sur le moment les émotions qui l’habitent. Elle est souvent surprise par ce qui ressort mais elle se sent toujours bien une fois que cela a été effectué. Elle ajoute que c’est le corps qui va apposer les émotions même de la veille. En soi, le thème principal de Mica est le Vivant avec un grand « V ». Tout ce qu’elle vit avec l’humain, l’animal, le végétal et le minéral, elle veut le partager. La richesse du vivant va être source de son art afin de sensibiliser le public. Ses premières œuvres font apparaître un personnage qui disparaît puis réapparaît en sculpture. Elle se rend compte qu’elle n’en avait plus besoin car il permettait à l’œuvre d’être là alors que la ligne était suffisante. Le personnage en sculpture montre ce vivant qu’elle a eu envie de matérialiser avec les mains.

En 2021, la Ville de Neuchâtel lui offre une bourse avec laquelle elle réalise une grande installation en papier découpé présentée début 2022. L’empreinte au sol de l’Hôtel de Ville laisse apparaître cette installation en vague qui est une onde de la vie, me dit-elle. Sur le rouleau exposé, l’empreinte au sol est posée en fonction de la lumière. Elle est liée à l’empreinte que nous laissons dans la vie. En général, elle réalise une exposition par année mais l’année 2022 a été riche et elle a pu en faire trois. Une année alors foisonnante pour l’artiste qui possède le goût prononcé pour ce qui l’entoure et ce qui va être important à relever dans son art. Reconstituant ses souvenirs et sa vision de son vécu, Mica véhicule, avec précision, les messages qu’elle souhaite transmettre sur le Vivant mais aussi pour le Vivant afin de faire bouger les lignes que nous pouvons individualiser dans son travail avec aisance. De par la nature, elle réussit à nous emmener dans son monde et à nous dévoiler des messages sensibles auxquels il est difficile de rester indifférents. Une démarche donc qui va s’inscrire dans le Vivant, dans son vivant.

 

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Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

 

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Publié le 27 juin 2023

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