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Aujourd’hui, je vous présente l’artiste Nina Thomas, une artiste aux multiples talents que j’ai rencontrée dans l’ambiance feutrée du Romantica, à Lausanne, autour d’une boisson chaude. Son regard curieux et sa passion pour l’exploration artistique se dévoilent dès nos premiers échanges, témoignant d’un parcours où la photographie, le dessin, et le collage s’entrelacent avec subtilité. Rencontre.

 

Dès les premiers instants, Nina dévoile la richesse de son parcours et la diversité de ses inspirations. Artiste visuelle, elle navigue avec aisance entre le dessin, le graphisme et la photographie, des médiums qu’elle a explorés dès son plus jeune âge. Sa mère était professeure d’arts graphiques, c’est d’ailleurs grâce à cela qu’elle a reçu son premier marqueur à l’âge de huit ans, me raconte-t-elle. Elle évoque ses premières expériences artistiques, comme le souvenir de cette chambre noire improvisée dans la cuisine familiale pour développer des photos argentiques, un souvenir important qui l’a initiée à sa passion pour la photographie. Chez eux, l’art était partout.

 

Cette passion l’a menée à suivre une voie en arts visuels dès le lycée/gymnase, possibilité plutôt rare de pouvoir l’effectuer en Ecole Supérieure d’Art, en l’occurrence à l’école Estienne. Enfant, elle rêvait de devenir styliste et avait postulé à l’École Duperré. Ils ne l’ont pas prise, se rappelle-t-elle, souriant malgré tout, à l’époque, ils favorisaient surtout les candidatures masculines. Cela ne l’a pas empêchée de poursuivre ses études dans cette même école avant de réussir à intégrer un master en photographie sélectif à l’École Nationale Supérieure Louis-Lumière. Diplômée également de l’École Estienne en Communication Visuelle, elle s’est illustrée par des projets aussi variés qu’ambitieux : du magazine Du Sel au Pixel présenté à la Maison Européenne de la Photographie, à ses reportages pour Les Inrockuptibles, en passant par des séries photographiques comme "Corps à corps", reconnue dans plusieurs expositions prestigieuses et finaliste de la Bourse du Talent #79 en 2019.

Nina ne se limite pas à la photographie. Ses illustrations ont été remarquées dans des événements tels que le Prix BDFil/Caran d’Ache ou encore la Biennale « Révolutions, rencontre d’illustration » à la Ferme des Tilleuls à Renens, où elle a exposé une illustration, sa première exposition en Suisse. Son travail s’organise autour de trois grandes thématiques : l’identité, avec la photographie ; la nature et les animaux, explorés dans le dessin ; et enfin les références culturelles et l’humour, qu’elle exprime dans ses collages. Ses œuvres témoignent d’un regard à la fois analytique et poétique. Elle me montre une série en cours sur la représentation des yeux, c’est une réflexion sur l’importance de la vue : sans ses yeux, elle ne pourrait plus créer, explique-t-elle. C’est un élément qu’elle travaille pour exorciser sa phobie, exacerbée depuis un évènement médical subi par un membre de sa famille. Ces pièces sont réalisées à partir
d’échantillons de peinture récupérés, qu’elle recycle avec ingéniosité.

 

Au fil de notre conversation, Nina me montre ses carnets culturels, véritables trésors mêlant collages, dessins et écrits. Elle en a fait six en deux ans, me précise-t-elle. Chaque carnet témoigne de ses découvertes dans les musées ou les expositions qu’elle fréquente assidûment. Elle passe sa vie dans les musées, me confie-t-elle en riant. Elle a besoin d’être nourrie intellectuellement et en permanence. Cette passion pour l’humain, la vie et son écosystème transparaît également dans ses illustrations naturalistes, où elle explore les formes et textures de diverses plantes et animaux, et dans son intérêt pour l’astronomie et les sciences.
 

Une autre série qu’elle me montre, des insectes en noir et rouge, réalisée à l’acrylique et à la pierre noire, s’inspire des empreintes digitales et des nervures arboricoles, revisitant encore le thème de l’identité. Elle en a déjà créé onze. En 2019, Nina et son compagnon ont quitté Paris pour la Suisse, un choix coïncidant avec la fin de sa thèse à lui. Au début, c’était difficile à cause du COVID, raconte-t-elle, mais elle a su trouver sa place en collaborant avec Images Vevey pendant deux éditions en tant que médiatrice culturelle. Depuis avril 2024, elle vend du matériel d’art, un job alimentaire, me précise-t-elle, tout en étant auxiliaire pour un groupe de presse.
 

Malgré un emploi du temps chargé, Nina continue d’assister à des ateliers de modèle vivant à Shape, une association de l’Université de Lausanne, et de développer ses projets artistiques. Elle est hypersensible, et son travail créatif reflète ses humeurs, confie-t-elle. Cette sensibilité se manifeste dans chaque trait, chaque collage, chaque photographie, avec une constante recherche d’équilibre entre spontanéité et réflexion.

 

Nina est une artiste qui puise dans la richesse de ses expériences et la profondeur de ses émotions pour construire un univers singulier et captivant. À travers ses créations, elle invite à repenser notre rapport au monde, à la nature, et à nous-mêmes, tout en célébrant l’intelligence et la poésie des formes.

Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

Publié le 2 février 2025

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