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*** Lumière sur une artiste ***

Marie Bagi vous présente,

 Sabine Picard 

Peintresse

                    Aujourd’hui je vous présente l’artiste Sabine Picard que j’ai eu le plaisir de rencontrer au Café de Grancy et où elle m’a raconté comment, toute sa vie durant, elle a été absorbée par le monde de l’art. Une discipline dont elle ne pourrait faire fi car trop lié à son vécu et sa sphère vitale. Rencontre.

Sabine est née à Mons en Belgique et est installée depuis quelques années dans le Val-de-Travers avec son mari et ses trois enfants. C’est là qu’elle a enfin pu créer son atelier. C’est à l’âge de vingt ans qu’elle commence une formation en arts appliqués toujours à Mons. Elle touche à tous les médiums de la sphère de l’art tels que la sérigraphie, la publicité ou encore la photographie mais il lui en manquait un qu’elle souhaitait à tout prix connaître : l’aquarelle et l'huile. Alors, lorsque ses enfants étaient encore petits, elle suit une formation de quatre ans au cours des métiers d'art du Hainaut à Mons et ensuite réalise un CAP (Certificat d’Aptitudes Professionnelles) d’enseignement en Arts Visuels. Durant ces quatre premières dernières années, elle a réalisé des œuvres à l’huile mais aussi des aquarelles sur lesquelles elle travaille des thèmes telles que la joie, les fêtes ou encore la communication. C’est très coloré et apaisant, me dit-elle. Un père qui aimait le dessin technique et un frère architecte, un contexte où l'art du trait est présent. Depuis enfant, elle reproduisait des cartes postales qui l’inspiraient. Elle dessinait également des livres où elle racontait des histoires qu’elle lisait ensuite à son frère, me dit-elle. Elle continue en me disant qu’elle a toujours voulu être dans le monde de l’art mais qu’elle ne fut pas comprise surtout par sa mère car ce n’est pas un métier avec lequel « on nourrit son homme ». Elle a d’abord commencé dans le commerce mais s’est vite rendue compte qu’elle voulait s’orienter dans la voie qui était, depuis le début, la sienne et tenir ses objectifs : les arts appliqués. Passionnée de chant et de danse, elle me dit que l’art c’est son inspiration, un besoin et qu’elle ne pourrait pas faire autre chose. Arrivée en Suisse, elle a possédé un petit galetas à Saint-Sulpice comme atelier mais grâce à son déménagement dans le Val-de-Travers, elle a pu créer toute une mezzanine en atelier. Son frère a même dit que, depuis qu’elle est là-bas, elle s’est déployée. Elle s’y sent bien. Elle fait des photographies de la nature qui est son inspiration majeure.

Cela lui apporte un équilibre indéniable. La peinture à l’huile, c’est très sensuel, ajoute-t-elle. Elle s'inspire des éléments de la nature pour créer ses œuvres tels que le lichen, l'eau, les arbres … Elle récupère également des rondelles de bois qu’elle trouve dans la forêt et sur lesquelles elle peint. De là, est née son envie de peindre sur bois. C’est un élément pas facile à travailler me dit-elle, avec les fibres tendres et dures. Il faut poncer et graver. Elle achète ses pigments mais les mélange elle-même. Il y en a certains qu’elle crée à partir de pétales de fleurs. Elle doit utiliser des techniques de projection qui se mélangent bien avec le support, et ce qui demande aussi un maniement plus physique sur grand format. C’est tout une entreprise où je comprends l’importance du support et le rituel qui l’amène à explorer non seulement les techniques mais aussi son être.

Sabine me parle ensuite d’une de ses œuvres intitulée « La douceur de ta la guérison » qui était un tableau, au départ blanc et qui a été réalisé à la suite du décès de son père. Il est parti subitement lors d’une danse à un mariage. Elle me dit, non sans émotions, qu’il était bon danseur et qu'il lui avait d’ailleurs appris à danser. Elle a donc dû poser cette douleur pour se laisser guérir, continue-t-elle. Le noir représentant la mort et le rouge oranger la séparation qui viennent dialoguer avec le blanc représentant la vie éternelle. Il y a comme une sorte de ramification dans ses œuvres qui ressemble à des racines qui font écho à la vie. Ses aquarelles, quant à elle, mettent en scène des fleurs séchées. Elle les peint afin d’en représenter le volume mais aussi pour parler de la vie en elle-même qui passe et qui finit par se faner. La vie est alors une source d’inspiration pour elle et cela passe par des éléments de la nature qui vont agrémenter son travail touchant reflétant sa vie mais dans lequel le public peut également s’identifier. En entrant dans son monde, nous avons la sensation de vivre avec elle la force de la nature qu’elle reflète dans ses œuvres rondes, carrées ou encore légèrement ondulées rappelant le bois et ses mouvements. Un respect du support et une communion authentique sont les principaux moteurs de son art que Sabine offre au monde avec ferveur et conviction.

 

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Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

 

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Publié le 18 septembre 2023

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