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Lumière sur une artiste

Marie Bagi vous présente,

 Julie Maltais 

"Artiste"

Aujourd’hui je vous présente l’artiste Julie Maltais alias Vandy, son nom d’artiste, que j’ai eu le plaisir de rencontrer à son atelier situé dans la vieille ville de Fribourg, non loin de la cathédrale Saint-Nicolas. Dans ce charmant atelier qu’elle partage avec une couturière – elle peint d’ailleurs parfois sur les vêtements de ses clients, il se dégage une atmosphère accueillante et chaleureuse. Je comprends vite que les notions de partage et de transmission règnent en ces lieux. Lorsqu’elle me raconte son histoire, je comprends alors d’où tout cela provient. 

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Julie est née au Canada, plus exactement à Edmundston, au Nouveau-Brunswick. Sa famille est partiellement originaire des Premières Nations (culture amérindienne). Elle a commencé à créer à l’âge de huit ans lorsque sa mère l’inscrit à un cours de peinture. Ironie du sort, c’est à travers Julie que sa mère découvre sa propre vocation picturale, qu’elle abandonne à la suite de discriminations qu’elle subit en tant qu’artiste femme. Cette expérience sensibilise très tôt Julie aux défis que représentent une carrière artistique pour elle. Pourtant, cet héritage pictural s’est transmis de mère en fille, puisque sa grand-mère était elle-même peintre.

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Après une formation à l’école de Design de Rivière-du-Loup, au Canada, où elle obtient le prix d’excellence en graphisme, elle ressent le besoin profond de voyager. Elle ne part pas tout de suite car elle va travailler en tant que graphiste, illustratrice mais aussi tatoueuse. Aux débuts de l’ère d’internet, elle développe une curiosité à l’encontre d’autres cultures et décide de partir à leur découverte. C’est ainsi qu’elle s’établit en Suisse où elle vit depuis treize ans. Elle me parle alors de ses premières expériences avec des galeries d’art qui cherchaient à réduire un artiste à un seul médium; cela l’a choquée car lorsque nous sommes artistes, me dit-elle, il est normal de pousser plus loin la réflexion artistique sous des angles différents. Elle ajoute, c’est cela la liberté d’expression et les artistes ont besoin de cela. Je suis d’accord avec elle. Julie a déjà réalisé plusieurs expositions collectives mais n’a pas encore organisé d’exposition en solo. Elle travaille cependant sur une exposition thématique mélangeant narration et peintures à l’huile. 

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Son art s’apparente au style de l’art nouveau avec un côté médiéval qui vient finaliser la touche créative. Les lignes sont appliquées et le dessin en lui-même possède des détails qui nous surprennent. Elle porte un intérêt marqué pour le sujet humain, qu’elle attribue à la découverte du manga Sailor Moon lorsqu’elle était plus jeune. Sa mère est peintre de paysage mais elle, de portraits car, me dit-elle, les gens ont des choses à dire et à travers ses portraits, elle délivre leurs messages. Elle en réalise également à l’encre comme son James Dean. C’est également cela qui l’a poussée à utiliser d’autres médiums et techniques alors qu’elle faisait principalement de la peinture à l’huile.

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Lorsqu’elle peint, Julie le fait en série. Elle me parle alors d’une série à l’aquarelle sur la danse orientale, où nous découvrons des femmes expressives et en mouvement. Justement, le mouvement semble être important chez l’artiste. Nous avons l’impression que, sur le papier, les formes humaines prennent vie. Elle continue en me parlant de sa première aquarelle qu’elle a réalisée en Suisse. Un jour, lorsqu’elle est entrée dans un magasin/galerie afin d’y acheter une toile et de la peinture, elle fit la connaissance du propriétaire à qui elle a présenté cette toile. Il a été fasciné par son travail et ainsi, elle a obtenu sa première opportunité d’exposer. Cette première aquarelle « suisse » possède un rendu du mouvement extraordinaire. Elle me dit que France Bérubé, son excellente professeure d’aquarelle, lui transmit cet art en repoussant ses limites ; en l’obligeant à aller au plus profond d’elle-même. Elle s’en souviendra toute sa vie. Cette œuvre ne possède pas de titre car elle a été réalisée pour le plaisir de faire ressurgir le mouvement et les couleurs qui l’accompagnent.

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Lorsqu’elle peint, me dit-elle, elle ne veut pas de coupure dans sa création car elle est concentrée, elle n’est pas là « spirituellement » ; elle s’adonne à sa peinture de manière totale et donc, n’interagit plus avec le monde qui l’entoure le temps de la création. C’est essentiel si elle veut présenter une œuvre. De plus, elle me dit que la musique l’accompagne et l’aide à s’immerger totalement dans sa quête artistique. Le besoin de créer, continue-t-elle, est toujours présent, dans sa tête, où qu’elle aille. Elle donne aussi des cours de peinture, par passion, à des adultes entre trente et soixante ans et me confie alors que la majorité d’entre eux sont des femmes ; mais ceux qui achètent ses œuvres sont principalement des hommes. 

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Beaucoup de commandes lui sont demandées mais, me dit-elle, elle les personnalise toujours en fonction de la personne et du lieu où elles vont se retrouver. Pour elle, il est important de considérer l’endroit où l’œuvre va vivre. Afin d’inclure le public à son œuvre, elle réalise ses commandes en « live » car ainsi, le commanditaire est inclus dans le processus. Une belle manière d’inclure le public dans la sphère créatrice et que j’aimerais beaucoup que Julie puisse proposer à l’Espace Artistes Femmes et ainsi, transmettre son talent inné.

 

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Auteure : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

 

Publié le 29 mars 2021

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