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Aujourd’hui, je vous présente l’artiste Juliette Lepage Boisdron avec laquelle nous nous suivons depuis un certain temps sur les réseaux et avec qui, cette année, je commence enfin à collaborer. Nous nous sommes rencontrées au Café de Grancy à Lausanne. Dès les premières minutes, elle me parle avec passion de son parcours hors du commun. Elle travaille avec le papier de riz, une technique qu’elle a découverte à Singapour où elle a vécu longtemps. Elle me raconte qu’enfant, elle a aussi habité en Chine et au nord de la Russie, des lieux qui ont profondément marqué son imaginaire. Rencontre.

 

Mère de trois enfants et mariée depuis vingt-cinq ans, elle me confie que son mari a toujours été très soutenant et aime ce qu’elle fait. C’est merveilleux car très peu de compagnons peuvent comprendre la démarche de l’autre lorsqu’il.elle n’est pas dans le monde de l’art. Depuis enfant, elle dessine et peint, mais ses parents, opposés à ce choix de vie, ne l’ont pas laissée intégrer les Beaux-Arts. Elle a donc suivi un baccalauréat en économie, avec une option en histoire de l’art, avant de décrocher sa Maîtrise en Histoire de l'art à la Sorbonne avec une bourse du mérite. Son mémoire portait sur "Les affinités entre le Surréalisme et l'Art Océanien" ainsi, elle a suivi, en parallèle, des cours d'arts océaniens à l'Ecole du Louvre. 

Plus tard, à Singapour, elle a effectué un stage au salon d’art Trésor, dans une galerie où elle a organisé sa première exposition à seulement vingt-sept ans. Quelques années après, elle passera directrice de la galerie et c'est là qu’elle rencontrera son mari, alors étudiant en médecine à Paris, qui en poussera les portes. Ils sont partis vivre en Inde, me dit-elle, et c’est là qu’elle est tombée enceinte de leur premier enfant. Ils sont ensuite retournés à Paris pour que son mari termine sa thèse. Elle a travaillé là-bas en tant qu'agente d'artistes indiens. 

Dans son travail artistique, elle réalise des « têtes », des œuvres intimement liées à ses enfants et à son expérience de mère car, au fond, c’est elle qu’elle représente. Elle confectionne également des bijoux et me montre avec émotion un magnifique livre retraçant son travail qu’elle m’offre ensuite. Je suis alors émotionnée car je découvre son merveilleux travail. Plus tard, elle me confie posséder deux ateliers : l’un chez elle, car elle ressent toujours le besoin de créer, et l’autre près de l’hôpital de Bâle, pour recevoir des visiteurs.Elle travaille principalement sur papier de mûrier et de riz, des matériaux qui l’ont toujours fascinée. Elle explique qu’à l’époque de Mao, ce travail était interdit, mais qu’elle a appris cette technique très codifiée avec un maître chinois à Singapour. C’est un processus méditatif, presque comme un train, me dit-elle, où des wagons s’accrochent sans que nous les contrôlions. Un magnifique processus dont le chemin se dessine au gré de la réalisation de ses oeuvres.Ces dernières sont habitées par ces figures féminines, qu’elle voit comme une métaphore d’elle-même ou de la mère universelle. Tout dans son art semble porter cette quête d’équilibre entre l’intime et l’universel, le geste et la méditation, le passé et le présent.

 

Ainsi, l’art de cette artiste est un voyage entre les cultures, les époques, et les expériences de vie qui ont façonné son regard unique. Du papier de riz à la représentation de la femme, en passant par des techniques méditatives et des créations profondément personnelles, elle transmet à travers ses œuvres une poésie intime et universelle. Toujours en mouvement, comme le train qu’elle évoque, elle continue d’explorer et de partager son monde, avec une sincérité touchante et un talent indéniable. À travers ses expositions et son travail, elle nous invite à ralentir, à regarder autrement, et à célébrer la beauté du lien entre l’histoire, la mémoire et l’art.

Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie

Publié le 2 février 2025

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