Marie Bagi vous présente,
Espace Artistes Femmes : Rose-Marie Berger ®
est une association et un espace artistique - itinérant et permanent - d’un nouveau genre qui veut mettre à l’honneur les femmes dans le monde de l'art. En raison de notre emplacement permanent et de notre focus sur les artistes femmes, nous sommes la seule association de ce type au monde, concept novateur, qui contribue à la visibilité des artistes femmes au niveau national et international grâce à à des conférences, des ateliers et des visites guidées réalisés au moyen de leurs oeuvres et dans lesquelles le concept de "l'intime" - c’est-à-dire, le lien existant entre leur vie et leurs œuvres et la manière dont la société peut les impacter - est central.
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Il est dédié à Rose-Marie Berger (1922-2019)- plus connue pour avoir été l'épouse du grand historien de l'art, philosophe et ancien directeur-conservateur du Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, René Berger (1915-2009). Elle était une artiste de talent, comme beaucoup d'artistes femmes avant elle et aujourd'hui, dont le travail n'est, jusqu'alors, pas mis en lumière dans les musées ou encore dans les galeries.
"On ne devient pas artiste: on naît artiste." © Marie Bagi, présidente et fondatrice
*** Lumière sur une artiste ***
"Artiste visuelle
Aujourd’hui je vous présente l’artiste Karine Martineau de son nom d’artiste Madjin que j’ai eu le plaisir de rencontrer via LinkedIn mais ensuite via appel vidéo vu qu’elle se trouvait premièrement à Montréal, après y avoir vécu quatorze ans, elle s’est récemment installée dans le Sud de la France. Au fil de la discussion mais aussi à la découverte de son travail, je m’aperçois qu’elle a un réel univers à partager dans lequel sa famille occupe une place de choix. Rencontre.
Madjin naît et grandit à Montpellier en France. Elle commence par me raconter l’origine de son nom d’artiste qui est une variante de son deuxième prénom. En effet, elle me dit que c’est un choix de son père qui a réalisé la contraction des deux prénoms de ses grands-mères paternelle et maternelle. Ces deux êtres ont toujours été d’un soutien pour son travail artistique. C’était donc une évidence pour elle de l’utiliser dans ce contexte. Dès l’enfance, Madjin se passionne pour la peinture et le dessin et réalise essentiellement des portraits. Je comprends alors que le pinceau ou le crayon sont comme le prolongement de sa main. La créativité foisonne et elle ne se voit pas faire une autre discipline que celle-ci. Son amour pour l’art ne l’ayant jamais quittée, elle se dirige vers l’École Supérieure des Beaux-Arts de Nîmes dont elle obtient le diplôme en 2008. Puis, en 2010, elle obtient un diplôme en enseignement de l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM à Montréal. Dans ce cadre-là, elle reçoit une bourse nommée Charest-Wallot Printemps pour son œuvre « Château d’ô » qui sera présentée lors d’une exposition à la galerie de l’UQAM, un an après. Durant ses études aux Beaux-Arts, Madjin participent à plusieurs projets dont des résidences d’artistes qui vont favoriser l’échange, ce qu’elle recherche aussi beaucoup. Elle va faire un échange artistique à l’Académie des Beaux-Arts de Luxun, en Chine. Après ses formations, elle réalise également des projets artistiques au sein des écoles. Ainsi, les enfants sont sensibilisés à l’art en contexte scolaire.
Comme énoncé plus haut, Madjin réalise des portraits depuis l’enfance. L’idée est de faire ressortir les expressions que les personnes possèdent sur le moment ou la photographie qu’elle a sous les yeux. Je lui avais d’ailleurs demandé de réaliser un portrait de ma grand-maman maternelle pour mon petit frère en guise de cadeau de Noël. Il a suscité une telle émotion que c’était un succès. Madjin avait réussi à capter son regard et tous ses traits du visage. Nous la retrouvions. Un moment magique. Cette idée m’était venue lorsque, durant notre conversation vidéo, elle m’a montré l’un des portraits de sa grand-mère maternelle qui m’avait énormément touchée. Je savais qu’en lui demandant de réaliser cette œuvre, elle saurait comprendre son âme, visible dans son regard. Magistral. C’est une manière, ajoute-t-elle, de questionner les histoires personnelles des autres mais aussi de s’intéresser aux divers parcours de vies. Au travers du portrait, Madjin raconte une histoire. Un art qu’elle qualifie alors de relationnel. Elle va créer des liens avec les personnes rencontrées et représentées. Un échange s’installe alors afin de créer un élément qui fera partie de la mémoire. Comme je le disais pour le regard de ma grand-maman, Madjin sait capter le regard de celle ou celui qu’elle va représenter. C’est un regard expressif afin que le public puisse s’intéresser à l’histoire de cette personne. En cela, il y a encore un type d’échange que, cette fois, l’artiste va créer et ainsi favoriser l’échange qu’elle chérit tant. Madjin ajoute qu’elle recycle ses toiles en peignant sur des toiles déjà peintes trouvées dans la rue ou chez l'habitant pour leur offrir une seconde vie, tout en rendant hommage à ce qu’elles ont été.
Elle continue en disant que durant ses études aux Beaux-Arts, elle a eu une phase de peinture abstraite et que, dès lors, elle s’est intéressée à la manière d’interpréter les couleurs mais aussi les diverses textures. Depuis, autant le figuratif que l’abstrait font parties de sa vie artistique. Elle insiste en disant que le figuratif lui apporte un « pont vers l’âme humaine » alors que l’abstrait est une forme de liberté où ses émotions sont libres de s’exprimer. Elle ajoute que ses titres sont la pérennité de sa création, ils s’imposent comme allégories qui viendraient ajouter un aspect un peu mystique de la toile. Le processus de l’abstrait, pour elle, est un aspect instinctif et spontané de son travail. Ce sont ses émotions du moment qui vont être maître d’elle. Le geste va accompagner ses traits de pinceaux qu’elle va rendre riches et mouvementés. Le geste est rapide, ajoute-t-elle, c’est ce qui fait que c’est si libérateur, me dit-elle en riant. Mais, dans ses portraits de femmes, Madjin utilise son style abstrait afin de monter qu’elle mêle les deux styles. Dans son processus, elle me dit qu’elle réalise souvent plusieurs toiles en même temps et qu’elle se trouve souvent à terre afin d’être en contact direct avec le support et ce qu’il a à offrir. En cela, elle reprend la technique du « dripping » de Joan Mitchell (1925-1992) et Jackson Pollock (1912-1956) qui consiste à peindre au-dessus de la toile dans un geste rapide laissant apparaître les traits de pinceaux dictés par l’émotion. Et, toujours accompagnée de couleurs vives qui vont laisser respirer la toile car ne la remplissant pas toujours entièrement. Ainsi, elle laisse respirer la toile et la composition est d’autant plus intéressante, me dit-elle. Les possibilités de créer une infinité d’œuvres qui ne se ressemblent pas, est précieux. Car, le public peut lui aussi imaginer sa propre histoire au travers de ce qu’il perçoit. A nouveau, un dialogue avec autrui que l’artiste va rechercher. Nous savons que l’art va amener tôt ou tard de l’interaction mais Madjin veut dépasser les limites en réussissant à saisir des émotions diverses et variées chez l’autre. Ce qu’elle ne manque pas de faire grâce à sa maîtrise et son talent qui nous pousse à se demander : comment est-ce possible de saisir l’insaisissable au travers d’un regard ou une couleur représentée ? Dans ces deux aspects, Madjin sait animer ses toiles et rend ces moments de côtoiement précieux et percutants.
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Autrice : Marie Bagi, docteure en Histoire de l’art contemporain et Philosophie
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Publié le 25 mars 2023
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